Frédéric Lordon, La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique
La Grande Table (2ème partie) par Caroline Broué, 09.04.2014
1) Frédéric Lordon, La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique
Là-bas si j'y suis par Daniel Mermet, 02.04.2014
2) Frédéric Lordon, La Malfaçon. Monnaie européenne et souveraineté démocratique
Là-bas si j'y suis par Daniel Mermet, 03.04.2014
Frédéric Lordon
La Malfaçon
Monnaie européenne et souveraineté démocratiqueLes Liens qui Libèrent
2014
Présentation de l'éditeur
L’européisme est devenu
le pire ennemi de l’Europe. Ne voulant plus que « l’Europe »
intransitivement, c’est-à-dire sans le moindre égard pour ses contenus
concrets, prêt s’il le faut à martyriser des peuples entiers, en Grèce,
au Portugal ou en Espagne, il est devenu une obstination aveugle auquel
il est temps de mettre un coup d’arrêt. Au-delà de ses pires désastres
économiques, sa tare majeure, et congénitale, est politique : le déni
absolu de toute expression des souverainetés populaires. Certains, à
gauche, continuent cependant de croire qu’on pourra changer l’euro
austéritaire en un euro social. Mais, la crise présente l’a assez
démontré, une monnaie unique aimable suppose d’être parachevée par une
union politique authentique… que l’européisme présuppose sur le mode de
la pure pétition de principe sans jamais vouloir en analyser les
exigeantes (et improbables) conditions de possibilité.
Aussi bien
l’urgence économique et sociale que la disponibilité immédiate des
institutions matérielles et symboliques de la souveraineté commandent
alors de réexaminer de près l’option des monnaies nationales. Sous deux
codicilles cependant : 1) reconstruire les concepts de souveraineté et
de nation d’une manière qui les rendent irrécupérables par
l’extrême-droite ; 2) réaffirmer que défaire la monnaie européenne, de
toute façon aussi mortifère que non-viable, n’exclut nullement de
continuer à œuvrer pour l’approfondissement résolu de tous les autres
liens entre les peuples européens – et enfin de faire Europe autrement
que par l’économie ! –, ni même de penser à refaire un commun monétaire
européen, sous la forme non plus d’une monnaie unique mais d’une monnaie
commune.