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lundi 10 octobre 2011

Crise bancaire : le casse du siècle « Manière de voir » n° 119 — Octobre-novembre 2011


 Crise bancaire : le casse du siècle

« Manière de voir » n° 119 — Octobre-novembre 2011
Au gré de leur expansion, les banques ont projeté dans tous les domaines de l’activité humaine leur logique, leurs intérêts et leurs pratiques. Un regard sur les ruines de l’économie mondiale inspire cependant une question qui peut sembler triviale : au fait, à quoi devaient-elles servir ?
Numéro coordonné par Renaud Lambert et Pierre Rimbert
Lexique
Bâtisseurs de ruines
Pierre Rimbert

I. Alchimistes du guichet


Derrière les façades centenaires des institutions de Wall Street, de Londres, de Paris ou de Hongkong, un nouvel ordre bancaire s’est mis en place imperceptiblement au milieu des années 1970. Les fondements du commerce de l’argent codifiés après le krach de 1929 pour les besoins du capitalisme industriel se sont effrités, puis ont explosé, sous la poussée d’une force brute nommée finance. En moins d’une décennie, les frontières nationales et les chaînes législatives qui reléguaient les établissements de crédit au troisième rang économique derrière les Etats et les grandes entreprises ont tour à tour été brisées. Le marché planétaire appelait un système bancaire global.
Ce nouvel ordre dispose d’outils, d’agents, d’institutions et de régulations spécifiques. Dans les bureaux haut perchés, le jeune loup au costume clinquant a évincé l’homme gris et son sous-main de cuir ; des instruments d’une sophistication inédite, des tactiques florentines, des profits himalayens ont supplanté le ronron du prêt à intérêt garantissant une marge de 3 % ; l’informatique et les mathématiques ont aboli l’espace et le temps des transactions.
En Europe, la politique monétaire, rouage central du gouvernement économique, fut soustraite au monde politique et placée sous le contrôle d’une Banque centrale « indépendante », c’est-à-dire proche des milieux d’affaires. Après quatre ans de tempête financière, un regard sur les ruines de l’économie mondiale inspire une question qui peut sembler triviale : au fait, à quoi devaient servir les banques ?
Une galerie de voyous respectables
Nicolas Guilhot
D’où viennent les produits dérivés ?
Ibrahim Warde
Néoconquistadors
Pedro Ramiro
HSBC, histoire d’eau et d’opium
Jean-Louis Conne
Les banquiers centraux, pompiers pyromanes
Frédéric Lebaron
Protéger le « mur de l’argent »
Serge Halimi
L’absurde statut de la Banque centrale
John Grahl
Pour quelques milliards de plus
Paul Lagneau-Ymonet et Angelo Riva
Leçons d’histoire financière
P. L.-Y. et A. R.
Infortunes des normes internationales
Dominique Plihon

II. Une emprise tentaculaire


Que la faillite, en septembre 2008, d’une seule entreprise, Lehman Brothers, ait pu conduire le monde au bord du gouffre indique assez la centralité des banques dans la vie économique. Que celles-ci aient ensuite forcé les Etats à échanger leurs dettes « pourries » contre de l’argent frais (c’est-à-dire contre le travail) du contribuable suggère cette fois l’ampleur du problème : le rouage a domestiqué la machine, le moyen s’est métamorphosé en fin.
A cela rien d’étonnant. Au gré de leur expansion, les banques ont projeté dans tous les domaines de l’activité humaine leur logique (celle du crédit et du profit), leurs intérêts (les anciens de Goldman Sachs hantent les coulisses de Washington), leurs pratiques (celles du jeu spéculatif) et leurs produits (ô les dettes douteuses titrisées et dispersées aux quatre vents !). Qui veut remonter aux racines d’une crise immobilière en Espagne, d’une opération de blanchiment en faveur d’un dictateur chilien, de l’endettement de pauvres au Bangladesh tombe à coup sûr sur une banque ; l’enquêteur qui cherche à démêler les pratiques opaques d’une chambre de compensation luxembourgeoise tombe en revanche sur un os…
Les présidents américains passent, Goldman Sachs demeure
I. W.
Un réseau serré d’amitiés haut placées
I. W.
La Riggs, blanchisseuse de dictateurs
Alain Astaud
« Mon cher général Pinochet... »
A. A.
La machine sacrée
Yves Jeanneret et Emmanuël Souchier
Complicités dans le trafic de drogue
Christian de Brie
Pauvres, votre argent les intéresse
Jean-Loup Motchane
A Madrid, des vies « sous hypothèque »
Raúl Guillén
« Ma victoire dans l’affaire Clearstream »
Denis Robert

III. L’ère du parasitisme


Economie de spéculation contre économie de production : c’est l’Annapurna contre les causses du Larzac. D’un côté, la valeur des produits dérivés fabriqués par les banques vole vers les cimes ; de l’autre, la richesse mondiale trace sa courbe débonnaire, plafonnée à un niveau dix fois moindre (voir Production et spéculation). Problème : les titres spéculatifs les plus alambiqués reposent en dernier ressort sur des actifs bien réels, comme la tique sur le dos de sa proie. Quand crève la bulle du capital fictif, ce ne sont pas les parasites mais les peuples qui écopent.
Le tour de passe-passe n’a pas échappé aux Islandais, mis en demeure de rembourser une ardoise vertigineuse laissée par les banquiers. Consultés par référendum, ils ont par deux fois dit « non ». On imagine sans peine le résultat d’un tel scrutin organisé en Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal, en Italie, bref dans tous les pays où la collectivisation de la dette bancaire privée se traduit par l’austérité publique.
Si les populations ainsi rançonnées se défient des acrobaties financières, le petit milieu des économistes, courtiers et analystes semble n’avoir rien appris. Serait-ce parce qu’il n’a rien encouru ? Après la faillite des caisses d’épargne américaines à la fin des années 1980, des centaines de responsables avaient fini derrière les barreaux. Cette fois, les aigrefins qui pilotent les institutions faillies ont exposé leurs turpitudes devant des commission parlementaires. Puis ils ont repris leurs affaires.
Les Islandais votent contre les banquiers
Silla Sigurgeirsdóttir et Robert Wade
Primes et châtiments des traders
I. W.
Tout travail mérite-t-il salaire ?
P. R.
Lumière dans la salle des coffres
Juliette Renaud et Juliette Rousseau
L’exemplaire faillite des caisses d’épargne américaines.
Jacques Decornoy
Comme si rien ne s’était passé..
I. W.
Les marionnettes politiques et leurs bienfaiteurs
S. H.
Pour un système socialisé du crédit
Frédéric Lordon
Ce numéro est accompagné de photographies tirées de l’ouvrage « Détroit, vestiges du rêve américain », d’Yves Marchand et de Romain Meffre (éditions Steidl, Göttingen, Allemagne).

Cinéma

« Cleveland contre Wall Street ».
De la corbeille à la barre
« Espanistan ». De la brique à la trique
« Inside Job ». De la chaire au tiroir-caisse

Littérature

Charles Dickens, « Temps difficiles »
William Shakespeare, « Le Marchand de Venise »
Woody Guthrie, « The Jolly Banker »
Goethe, « Faust »

Cartographie

Cécile Marin (conseiller scientifique, Dominique Plihon)

Le circuit de la création monétaire
Les banques dans la machinerie financière
Régulation et collusions

Chronologie

Un moteur à explosion
Chaos

Documentation

Olivier Pironet
Essais
Sur la Toile

samedi 1 octobre 2011

video: Erik Olin Wright, Envisioning Real Utopias

Envisioning Real Utopias


WCPC Seminar Series on Poverty and Policy: Spring 2010


Presented by Erik Olin Wright
Professor of Sociology
University of Wisconsin - Madison
April 26, 2010 
University of Washington
Co-sponsored with the UW Department of Sociology

TALK ABSTRACT
Rising inequality of income and power, along with the recent convulsions in the finance sector, have made the search for alternatives to unbridled capitalism more urgent than ever. Yet there has been a global retreat by the Left: on the assumption that liberal capitalism is the only game in town, political theorists tend to dismiss as utopian any attempt to rethink our social and economic relations. As Fredric Jameson first argued, it is now easier for us to imagine the end of the world than an alternative to capitalism.
Erik Olin Wright’s Envisioning Real Utopias is a comprehensive assault on the quietism of contemporary social theory. Building on a lifetime’s work analyzing the class system in the developed world, as well as exploring the problem of the transition to a socialist alternative, Wright has now completed a systematic reconstruction of the core values and feasible goals for Left theorists and political actors.
Envisioning Real Utopias aims to put the social back into socialism, laying the foundations for a set of concrete, emancipatory alternatives to the capitalist system. Characteristically rigorous and engaging, this will become a landmark of social thought for the twenty-first century.

TALK SLIDES

See the slides from this presentation here




Erik Olin Wright
Envisioning Real Utopias
Verso
2010

Présentation de l'éditeur
Rising inequality of income and power, along with recent convulsions in the finance sector, have made the search for alternatives to unbridled capitalism more urgent than ever. Yet few are attempting this task—most analysts argue that any attempt to rethink our social and economic relations is utopian. Erik Olin Wright’s major new work is a comprehensive assault on the quietism of contemporary social theory. A systematic reconstruction of the core values and feasible goals for Left theorists and political actors, Envisioning Real Utopias lays the foundations for a set of concrete, emancipatory alternatives to the capitalist system. Characteristically rigorous and engaging, this will become a landmark of social thought for the twenty-first century.

Table of Contents
Selected Chapters from the pre-publication typescript

    Preface
 Introduction
 Part I. Diagnosis and Critique
     Chapter 3. What’s so bad about Capitalism? 
 Part II. Alternatives
     Chapter 4. Thinking about Alternatives to Capitalism
 Part III. Transformation
     Chapter 9. Ruptural Transformation
     Chapter 11. Symbiotic Transformation
Conclusion


 Erik Olin Wright is Vilas Distinguished Professor of Sociology at the University of Wisconsin-Madison. He is the editor of the Real Utopias series, which includes his Deepening Democracy (cowritten with Archon Fung), and is the author of many other books, including Class Counts, Interrogating Inequality, The Debate on Classes and Classes.