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mercredi 18 avril 2012

A voir: Cash investigation

A voir sur France 2 le vendredi 27 avril 2012 à 22h25, Cash Investigation, Les vendeurs de maladies, documentaire de Wandrille Lanos et Laurent Richard

Pour en savoir plus, vous pouvez lire cette interview d'Elise Lucet:

Elise Lucet interview magazine investigation France 2 Cash investigation enquêtes journaliste  Premières lignes production Paul Moreira Luc Hermann Laurent RichardElise Lucet hérite d’un tout nouveau bébé lancé par France 2avec un magazine d’enquêtes sur le monde des affaires et des grands groupes internationaux.

A cette occasion, la journaliste se livre dans une interview.

Quel ton souhaitez-vous donner à « Cash investigation » ?
Elise Lucet : L’ironie et l’humour. Un peu de second degré. Onze ans de Pièces à conviction, m’ont donné envie d’abandonner ce ton solennel et tranchant que nous prenions parfois, pour donner à ce nouveau magazine un style plus malicieux. Cela n’enlève rien au sérieux des enquêtes et ne nuit pas à la compréhension du sujet. On peut être sérieux sans se prendre au sérieux.

Avec qui travaillez-vous ?
J’aurais souhaité travailler avec des journalistes de France 2, mais plusieurs magazines et l’élection présidentielle mobilisent déjà pleinement les moyens humains de la rédaction. J’ai donc choisi de travailler avec Premières lignes, la société de production de Paul Moreira et Luc Hermann. J’ai monté ce projet avecLaurent Richard. Il a été formé sur Pièces à conviction, puis a dirigé le magazine Les Infiltrés. En tout, notre rédaction compte douze journalistes.

A quel moment du magazine intervenez-vous ?
Je travaille très étroitement avec toute l’équipe, et à deux ou trois reprises j’interviewe des personnes mises en cause. Je suis parfois le porteur de mauvaises nouvelles muni de documents qu’ils sont abasourdis de voir entre nos mains. Ça donne des conversations un peu musclées, d’autant qu’ils ne s’attendent pas à ça de la part d’Elise Lucet du 13h de France 2, quelqu’un qu’ils pensent connaître. A leurs dépens, ils se rendent compte que j’arrive avec six ou huit mois d’enquête derrière moi, des biscuits comme on dit.

Qu’est-ce qui vous a motivée dans ce projet ?
Continuer à faire du journalisme comme je l’entends. C’est-à-dire être aussi, à notre manière, des “lanceurs d’alerte”. Des empêcheurs de tourner en rond quand justement la manière de tourner s’avère incorrecte. Les téléspectateurs étant également, et avant tout, des citoyens, ils sont en attente de cette vérité. Ils sentent la puissance de ces grands groupes mais ne possèdent pas toujours les armes pour pouvoir lutter. Nous, journalistes, tentons de le faire !

Vous rejoignez les idées du mouvement des Indignés ?
Nous ne sommes pas du tout politisés. Plus que les Indignés, nous sommes les Informés. Ensuite, peut-être que le fait d’être Informé transforme-t-il en Indigné ?

Propos recueillis par Diane Ermel

"Les Vendeurs de maladies",  émission du 27 avril.
Explications d’Elise Lucet sur le premier numéro de Cash investigation.

Quel est le sujet du premier numéro de Cash investigation ?
Les vendeurs de maladies. Il s’agit de certains laboratoires qui inventent de toutes pièces et avec une force de frappe étonnante une pathologie pouvant correspondre à la nouvelle molécule qu’ils viennent de mettre au point. Je me suis fait piéger, comme bien d’autres journalistes, par la communication faite autour du “syndrome de la bedaine” ou plus scientifiquement le “syndrome métabolique”. Une maladie en réalité conçue par le laboratoire Sanofi Ce syndrome est en fait l’accumulation de plusieurs symptômes : de l’hypertension, un peu de diabète, du surpoids… qui peuvent être traités indépendamment. Après avoir alerté largement les médias sur la question, ils ont lancé le médicament. Une molécule qui n’avait pas eu l’AMM* pour le sevrage tabagique et que le laboratoire a recyclée en créant une maladie nouvelle.

Et ils ont obtenu l’AMM en la présentant pour cette pathologie ?
Oui. C’est d’autant plus grave que ce médicament, l’Acompliaa été prescrit et vendu alors que le laboratoire connaissait ses effets secondaires, nous le démontrons dans l’enquête. Il provoque notamment de graves dépressions chez les patients et au moins dix personnes en sont mortes, en France. Il a d’ailleurs été retiré du marché. Dans d’autres pays, il n’avait même pas obtenu d’agrément. En fouillant un peu plus loin, on a découvert l’implication dans cette affaire du spécialiste du syndrome métabolique, le docteur Boris Hansel, et ses liens avec Sanofi.

Un autre médicament est mis en cause…
Oui, celui contre l’ostéoporose des laboratoires Merck, qui annoncent une diminution des risques de fractures de 50 % chez les personnes ayant cette pathologie. Mais leurs études sont fallacieuses et la plupart des femmes suivant ce traitement n’en ont en fait pas besoin. Or il comporte, lui aussi, des risques d’effets secondaires délétères. Le problème étant que les autorités sanitaires ne se basent que sur les chiffres fournis par les laboratoires eux-mêmes et ne font pas d’études indépendantes. Finalement, ces grands groupes pharmaceutiques rendent les gens encore plus malades avec des effets secondaires pour lesquels on peut imaginer qu’ils ont déjà prévu de nouveaux médicaments. C’est ironique !

* AMM : Autorisation de mise sur le marché.



A voir : le documentaire inédit La mort est dans le pré.

Source: leblogtvnews.com
Voir le documentaire: La mort est dans le pré
Bande annonce:




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"Quand on découvrira toute la vérité sur les dangers des pesticides, ce sera un scandale pire que celui du sang contaminé. Je n’ai pas de raisons de me taire." L’agriculteur qui parle est atteint d’un cancer à 47 ans. C’est une victime des pesticides qu’il manipule tous les jours. Des centaines d’agriculteurs sont frappés. Victimes des produits phytosanitaires que l’on croyait "anodins". Ces élèves issus de l’école agricole intensive les utilisent depuis les années cinquante sur leurs exploitations jusqu’au jour où les maux de tête, la fatigue, les comas successifs les ont conduits à l’hôpital. Diagnostics : maladie de Parkinson, leucémie, cancers,… Ce qui ressemble à une épidémie apparaît au grand jour. 

Un documentaire inédit diffusé ce mardi 17 avril à 22h40 sur France 2 est une immersion auprès de ces agriculteurs atteints de maladies mortelles. Nous allons partager le destin de ces familles ébranlées, dans l’intimité de leur itinéraire médical, de leur combat pour être reconnu par la MSA, sur l’exploitation pour changer de pratiques, au tribunal aussi… Premières victimes de ce système agricole intensif, les agriculteurs en sont aussi les acteurs principaux. Remise en question de leurs pratiques, de leur héritage, du sens même donné à leur mission de "nourrir la planète", quand la maladie arrive, elle bouleverse un idéal solidement ancré. Malgré tout, la majorité d’entre eux continuent à utiliser ces produits qui les rongent à petit feu. Pourquoi ? D’autres organisent la résistance. Alerter les agriculteurs et les citoyens, entamer une procédure symbolique contre le géant des produits phytosanitaires, Monsanto : rien n’est perdu pour ces victimes qui entendent révolutionner leurs pratiques.

Un film écrit et réalisé par Eric Guéret. Ce dernier souligne les difficultés à faire un documentaire sur ce sujet. La difficulté est double, dit-il." Il y a d’une part un silence pesant, pour ne pas dire une pure et simple omerta, au sein même du milieu agricole. Par pudeur ou peut-être par fierté, on ne parle pas, dans ce monde-là, de ce qui ne va pas. On ne dit rien de ses difficultés, de ses fragilités, de ses faiblesses. Les agriculteurs sont les premiers à entretenir et maintenir le silence sur la question. Bien souvent, ils refusent de faire le lien entre les maladies dont ils sont victimes et les pesticides qu’ils utilisent depuis les années 1950. De fait, ils ne changent pas, ou très peu, leurs pratiques. Le système est tenu par les firmes, comme BASF ou Monsanto, qui mènent un intense lobbying pour que rien ne change et qui ont une grande influence auprès de la FNSEA, le syndicat majoritaire de l’agriculture.
La seconde difficulté tient au manque criant d’études scientifiques qui permettraient, en France, de davantage cerner ce fléau. Aux Etats-Unis, des enquêtes épidémiologiques précises ont pris la mesure des dangers. Elles ont prouvé par exemple que l’exposition aux pesticides tend à augmenter (entre 2 à 7 fois plus) le risque de développer certains cancers (de la peau et des lèvres, de la prostate…) ainsi que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson (2,5 fois plus de risque). En France, seule une cinquantaine de cas a été officiellement répertoriée dans la catégorie “victimes des pesticides” et la Mutuelle sociale agricole (MSA) refuse la plupart des demandes des agriculteurs pour faire reconnaître leur maladie".

Eric Guéret dit avoir vu un métier en grande souffrance. Les agriculteurs sont piégés par le système que, paradoxalement, ils font vivre. "La modernisation de l’agriculture dans l’immédiat après-guerre a été un mouvement de grande ampleur qui a eu ses bons côtés. Il s’agissait tout de même de réussir à nourrir la population française ! L’utilisation de la chimie et la mécanisation des métiers ont apporté non seulement un gain de productivité considérable mais ont aussi contribué à faciliter la vie quotidienne des agriculteurs. Seulement, aujourd’hui, avec cinquante ans de recul, le constat est catastrophique. En deux générations, les paysans se sont retrouvés non seulement victimes des pesticides mais aussi totalement dépendants de leur utilisation. A force de lobbying, de manque d’informations sur les risques encourus et de silence, il paraît impossible d’envisager aujourd’hui un autre modèle que le modèle chimique.
En un demi-siècle, les paysans ont perdu le sens de leur métier : ils ont oublié les méthodes traditionnelles et vivent dans le surendettement, de telle sorte que l’abandon – extrêmement coûteux – du système chimique leur paraît impossible. Imaginez la souffrance que représente, pour des femmes et hommes aussi attachés à leur métier et à leur terre, de se dire qu’ils transmettent un héritage empoissonné à leurs enfants. C’est une idée absolument insupportable ! Au fond, la question des victimes des pesticides n’est que la partie visible d’un problème beaucoup plus vaste. Le système agricole actuel ne peut survivre. Il est coûteux, polluant et mortifère".

Crédit photo © Program.33 / Capture d'écran

mardi 10 avril 2012

2012 : les sociologues s’invitent dans le débat



2012 : les sociologues s’invitent dans le débat
Textes rassemblés par Louis Pinto
éditions du Croquant
2012

Présentation de l'éditeur
L’expérience de la collection savoir/agir révèle la richesse et l’originalité des analyses proposées par des intellectuels critiques. Or ceux-ci, plus familiers avec la description et l’explication du réel qu’avec l’élaboration de programmes, ne sont pas à l’aise dans une conjoncture électorale. Mais, précisément pour cette raison, ils ne sont pas nécessairement mal placés pour faire ce qu’eux seuls sont en mesure de faire. À savoir d’une part, étblir un diagnostic synthétique de l’état des choses dans un domaine de leur compétence ; d’autre part, énumérer un certain nombre de points qui leur semblent décisifs pour ce que pourrait être une politique de gauche.
L’exercice de militantisme intellectuel proposé ici a quelque chose de paradoxal. Alors que la gauche de gauche se voit d’ordinaire associée à des idées dites maximalistes, il s’agit de favoriser, sur des points précis, la formulation de principes d’action en deçà desquels une gauche digne de ce nom ne pourrait que se déjuger : non pas placer la barre très haut, la placer plutôt au minimum, un minimum qui pourrait aussi être l’essentiel, bref ce qui ne saurait être escamoté.
L’urgence semble aujourd’hui de montrer qu’autre chose est possible, réalisable, en refusant à la fois la capitulation social-démocrate devant la loi d’airain du capitalisme financier et le délire incantatoire du discours « anticapitaliste ». Le « réalisme utopique » dont parlait Bourdieu ne se distingue ni par les fausses précisions du discours d’expert ni par des proclamations grandioses mais vagues : il consiste à chercher les points précis où peut se faire un basculement des rapports de force en faveur de la justice sociale, de la démocratie et de la maîtrise collective du futur. Être « radical » consiste à être simplement conséquent : c’est, après avoir pris connaissance des questions posées, chercher des réponses qui pourraient être à la hauteur de ces questions. En matière d’environnement ou de marché financier, la réalité se charge de montrer que des idées autrefois considérées comme radicales, et donc exclues de l’horizon du pensable, ne sont pas aussi extravagantes qu’on avait bien voulu le dire.
Table des matières
Aller à l’essentiel
Louis Pinto
Sortir du capitalisme financier, étape nécessaire, mais non suffisante d’une alternative globale
Frédéric Lebaron
La crise est là
Le capitalisme financier reste dominant
Ordre et désordre néolibéraux
Quelles réponses ?
Réduire fortement et structurellement les inégalités de revenus et de patrimoines
Anéantir la spéculation financière
Faire du système bancaire un instrument au service d’objectifs économiques, sociaux et environnementaux
Développer des mécanismes de solidarités
Remobiliser électoralement les milieux populaires
Céline Braconnier
Reconstruire l’électorat populaire
Ce qui peut faire voter malgré le désenchantement
Une démocratie sociale apportant plus de pouvoir aux salariés
Sophie Béroud et Karel Yon
Un remède à la crise ?
Des syndicats plus « légitimes » pour négocier dans l’entreprise
Démocratie sociale ou fétichisme de la négociation ?
Vers de véritables points d’appui pour conférer du pouvoir aux salariés
Pour une réappropriation collective de la démocratie locale
Michel Koebel
Comment contrecarrer ces tendances ?
La désocialisation de la santé
Frédéric Pierru
Le dilemme électoral du candidat Sarkozy
La privatisation progressive du financement des soins courants
La révolution conservatrice de la médecine libérale
Les cliniques au secours de la Sécu…
Une santé de moins en moins publique
Le remède : reconstruire les quatre services publics constitutifs du système de santé égalitaire et solidaire
« Délinquance zéro »
Gérard Mauger
« Angélisme » – « Réalisme » ?
Sociogenèse des pratiques délinquantes ordinaires
Le répertoire des « politiques de sécurité »
Pour une « politique de gauche » face à la délinquance
Une autre justice
Laurent Willemez
La justice : fonction symbolique, fonction répressive
L’offensive contre le pouvoir judiciaire et les magistrats
L’affaiblissement de la fonction judiciaire par la RGPP
Une « autre justice » ?
Remettre les droits des étrangers au centre des politiques d’immigration
Emmanuel Blanchard et Alexis Spire
Défendre le droit à quitter son pays
Pour une régulation démocratique des mouvements migratoires
Construire une politique de l’hospitalité
Développer la sécurité et la stabilité juridique des règles d’entrée et de séjour
Un chômage contre les chômeurs ?
Emmanuel Pierru
Le poids du stigmate
La peau de chagrin des droits des chômeurs
Une assurance chômage qui assure de moins en moins
La paupérisation des chômeurs
Accompagnement ou contrôle renforcé des chômeurs ? La création de Pôle Emploi
Les laissés pour compte de la formation professionnelle continue
En guise de conclusion : réconcilier les chômeurs avec les syndicats et la gauche ?
L’école pour tous, enfin !
Bertrand Geay
Le bilan contrasté de « l’école unique »
L’incohérence du curriculum
La dialectique des ségrégations et de la concurrence
Une entreprise de déprofessionnalisation
Cinq propositions
Université : contre la bureaucratie de marché
Bertrand Geay, Samuel Bouron et Pierre Clément
Le marché à marche forcée
L’anomie bureaucratique
Quelques mesures d’urgence pour en sortir
Une recherche résolument publique et vraiment autonome
Louis Pinto
Gouvernance des personnels
Gouvernance de l’évaluation
Gouvernance de la recherche
Propositions
Transformer les médias
Henri Maler
Éléments de diagnostic
Quelques cibles
Constituer et constitutionnaliser un Conseil national des médias
Contrecarrer la concentration et la financiarisation des médias
Constituer un service public de l’information et de la culture
Garantir les droits des journalistes, des créateurs et des usagers
Affranchir les sondages politiques de l’emprise du marché
Rémy Caveng
Les sondages : un marché ; les sondeurs : des marchands
Une économie de la précarité
Que faire des sondages politiques ?