pour l'égalité réelle des Droits Humains (Logement, Nature, Alimentation, Santé, Energie, Éducation, Culture, Information, Travail, Vie privée, Justice)

samedi 27 octobre 2012

écouter: Les AMAP, avec Bertrand Mariaux et Julien Blanc


Les AMAP, ... (28 septembre 2012)

Emission présentée par la fondation Copernic

MP3 - 18.6 Mo
Animé par : (Fondation COPERNIC) : Mathieu Maury, Laurent Godineau, Damien et Claude à la technique
Invités : Bertrand Mariaux administrateur du réseau des AMAP d’Ile-de-France, par ailleurs lui-même investi depuis six ans dans une AMAP,
, et Julien Blanc socio-anthropologue de l’environnement au CNRS (Ladyss - Laboratoire Dynamiques Sociales et Recomposition des Espaces). Il analyse les transformations contemporaines des relations entre les sociétés et la nature (agricultures traditionnelle, alternative, biologique).
, et par téléphone Daniel Vuillon créateur de la première AMAP
Et des extraits du film de Bénédicte Mourgues, "Homo Amapiens" (Iskra-Images Plus, 2007, 53 minutes). extraits

"LES AMAP, DIX ANS APRÈS LES DÉBUTS, QUEL AVENIR ?"

Nées il y a une dizaine d’années, les Amap concernent aujourd’hui près de 200 000 personnes, avec environ 1 200 Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne dans toutes les régions de France. Après avoir rappelé les principes fondateurs de ces contrats de solidarité liant consommateurs et paysans, la Fondation Copernic interrogera un représentant du mouvement et un chercheur sur l’avenir des Amap : poids face à l’industrie agroalimentaire et la grande distribution, maintien des valeurs initiales dans les relations concrètes adhérents/producteurs, liens avec l’agriculture biologique et avec les autres composantes de l’économie sociale et solidaire, soutien des pouvoirs publics.

mercredi 26 septembre 2012

écouter: Benjamin Coriat, Réunion publique d’information sur le TSCG


écouter:
Réunion publique d’information sur le TSCG
Avec la participation de Benjamin CORIAT. Co-président du Collectif des Economistes Atterrés, Clamart, 21 septembre 2012
partie 1 

partie 2 

Réunion unitaire à l’initiative d’ATTAC 92 Clamart, de EELV, du Front de Gauche (PCF, PG, GA), du NPA, du POI.

mercredi 5 septembre 2012

video: Goldman Sachs - La banque qui dirige le monde

ARTE F / © 2012 Jin Lee/Bloomberg/Getty

  video: Goldman Sachs - La banque qui dirige le monde
(France, 2012, 75mn)
ARTE F
Réalisateur: Jérôme Fritel, Marc Roche

Présentation du site d'Arte
Depuis cinq ans, Goldman Sachs incarne les excès et les dérives de la spéculation financière. Anatomie d'un pouvoir qui ne connaît ni frontières ni limites et menace directement les démocraties.
Plus qu'une banque, Goldman Sachs est un empire invisible riche de 700 milliards d'euros d'actifs, soit deux fois le budget de la France. On l'appelle "la Firme", comme dans les romans d'espionnage des années 1980. Après s'être enrichie pendant la crise des subprimes en pariant sur la faillite des ménages américains, elle a été l'un des instigateurs de la crise de l'euro en maquillant les comptes de la Grèce puis en misant contre la monnaie unique. Un empire de l'argent sur lequel le soleil ne se couche jamais, qui a transformé la planète en un vaste casino. Grâce à son réseau d'influence unique au monde, et son armée de 30 000 moines-banquiers, Goldman Sachs a su profiter de la crise pour accroître sa puissance financière, augmenter son emprise sur les gouvernements et bénéficier de l'impunité des justices américaine et européennes.

mardi 4 septembre 2012

Terre et liberté ! A la conquête de la souveraineté alimentaire, Paul Nicholson, Xavier Montagut et Javiera Rulli

Terre et liberté ! A la conquête de la souveraineté alimentaire
Paul Nicholson, Xavier Montagut et Javiera Rulli 
PUBLICETIM N°36
2012

Présentation de l'éditeur

« ...ce petit livre nous explique la stratégie de Vía Campesina pour faire de la souveraineté alimentaire un axe transformateur du modèle économique et social dominant et comment y associer le commerce équitable. »
Raoul Marc Jennar, membre du Conseil scientifique d’Attac, essayiste belge, spécialiste de politique internationale, entre autres

« Des contributions importantes qu’il faudrait largement diffuser et discuter. »
Didier Epsztajn

« Terre et liberté ! », c’est avec ce cri que des milliers de paysans mexicains se soulevèrent contre les grands propriétaires terriens. Guidés par Emiliano Zapata, ils occupèrent leurs haciendas, au début du 20ème siècle, revendiquant la réforme agraire et la révolution sociale. 

Plus d’un siècle après, ce cri reste d’une actualité cuisante. L'orientation des politiques économiques imposées, le développement de l'agriculture industrielle et productiviste éjectent les paysans familiaux de leurs terres, les privant de leur rôle millénaire. En se regroupant au sein de La Vía Campesina, des organisations paysannes ont propagé dans le monde le « concept action » de la souveraineté alimentaire. 

A partir des questions agricoles et alimentaires Nord et Sud, la souveraineté alimentaire porte en elle les fondations nécessaires pour construire une autre société et d’autres manières de travailler. Mais elle s'inscrit dans une dynamique, un processus qui se conquiert et qui ne se décrète pas.

Le but de ce livre est de préciser la portée politique et stratégique de la souveraineté alimentaire. Ce livre s’adresse à toute personne intéressée par l'agriculture, la solidarité internationale, le commerce équitable,...

Ce livre s'articule autour d’un entretien avec Paul Nicholson, qui a joué un rôle de premier plan au sein de La Vía Campesina. Cette entrevue est complétée par un article de  Xavier Montagut (commerce équitable) et de Javiera Rulli (coopération internationale).

mardi 28 août 2012

jeudi 23 août 2012

écouter: Marinaleda, une utopie vers la paix



Là-bas si j'y suis par Daniel Mermet, 19 décembre 2011

présentation par Là-bas si j'y suis:
Pas de chômeurs, pas de promoteurs. Collectivisation des terres et des moyens de production. Et la démocratie, la vraie, la directe ! C’est tout ce dont nous parlons depuis fort longtemps.

C’est ce dont parlent également les Indignés espagnols. Il y a un endroit où cela fonctionne depuis 1978. C’est le village de Marinaleda.

Un reportage avec Antoine Chao

 "Marinaleda, un village en utopie", un film de Sophie Bolze réalisé en 2009.

site de Marinaleda. (En espagnol)
chaine youtube de Marinaleda.

dimanche 5 août 2012

video: Rencontres Déconnomiques (6-8 juillet 2012) avec Frédéric Lordon, Renaud Lambert, François Ruffin, etc.



Vendredi 6 juillet 2012

Cérémonie avec « Le Grand Mamamouchi »

André-Jacques Holbecq (conférence) « La monnaie et la dette »

Alain Persat (conférence) « Comprendre nos erreurs économiques
pour proposer des solutions »



Jacques Le Bohec (conférence)
• « Les journalistes et l'économie,
un regard historique sur la presse »

Fabrice Aubert (conférence)
• « La crise… c'est la faute aux grecs »



François Ruffin (conférence)
• « Le protectionnisme »


«Les nouveaux chiens de garde» (projection)
Un film de Gilles Balbastre et de Yannick Kergoat
Débat animé par Gilles Balbastre



Samedi 7 juillet 2012

Autoentartage


 • Conférence musicale de Richie Jobs (sketch)


 • Gérard Duménil, Gérard Filoche, Frédéric Lordon
• Débat : « Crise économique ? Réponses politiques ? »


  • Renaud Lambert (conférence)
• « Conflits d'intérêts, la responsabilité des médias »


René Teboul (conférence)
• « Les origines de la pensée économique »


  • Frédéric Lordon (conférence)
• « Etat de décrépitude de la zone euro »


Gérard Filoche (conférence)
• « La dette et la destruction du code du travail »







  • Jean-Philippe Desbordes (conférence)
• « L'économie dans les relations
et les problématiques du management »


  • Gérard Duménil (conférence)
• « D'où vient la crise,
où vont le néolibéralisme et le capitalisme ? »


Hervé Kempf (conférence)
• « Economie politique du post-capitalisme »



Dimanche 8 juillet 2012

Lancement de la journée
• avec « Le Grand Mamamouchi »

 • Lecture d'un texte de Frédéric Lordon



Gérard Mordillat (conférence)
• « Il n'y a pas d'alternatives »
• Lecture de Cécile Mazan pendant la conférence

 • Claude Escarguel (conférence)
• « L'entreprise équitable : faire des salariés
les copropriétaires de leur entreprise »


 • « Margin Call » de J.C. Chandor (projection)

dimanche 22 juillet 2012

écouter: Festival Raisons d’agir 2012 : «Démocratie(s) aujourd’hui»

Festival Raisons d’agir 2012 : «Démocratie(s) aujourd’hui»


Le festival Raisons d’agir 2012 a été organisé par l’association Raisons d’agir Poitiers, L’Associo et le CURAPP-CNRS, en partenariat avec La famille digitale, l’association Pour Politis, le cinéma Le Dietrich, l’UFR Sciences humaines et arts et l’Espace Mendès France, l’association culturelle de l’UFR Lettres et langues, avec le soutien financier de l’université de Poitiers, de la ville de Poitiers, de la région Poitou-Charentes, du pôle d’éducation à l’image de la Région et la maison des écrivains et de la littérature.


Jeudi 5 avril



Préambule, organisé par l’Associo à l’UFR Sciences Humaines et arts
projection, suivie d’un débat, de la seconde partie du film réalisé par Yves Jeuland.
Engagements et désengagements des militants communistes
conférence-débat de Bernard Pudal, professeur à l’université de Paris-Ouest-Nanterre, présentée et animée par Catherine Leclercq, maître de conférences à l’université de Poitiers.



Mercredi 11 avril



Vous avez dit « démocratie » ?
Lectures-performance par des étudiants de lettres de l’université de Poitiers, présentation par Véronique Rauline, maître de conférences à l’université de Paris Ouest Nanterre et à l’université de Poitiers.

L’Héritage de la Chouette
Projection suivie d’un débat des épisodes 1 & 3 (1989 – 2x26min) de la série de Chris Marker, dans laquelle il décortique treize mots de racine grecque pour connaître l’héritage de la Grèce antique sur le monde moderne. Présentation par Benoit Perraud, réalisateur et programmateur.

Conférence-débat avec José Luis Moreno Pestaña, sociologue et philosophe, Universidad de Cádiz, et Samir Amin, économiste et directeur du Forum du Tiers-Monde.



Jeudi 12 avril




 Projection-débat de Démocratie ? (2009 – 68min) de Florence de Comarmond, en présence de la réalisatrice.


Enjeux économiques et démocratie
- L’élite au pouvoir par François Denord, chercheur au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP-Paris) – CNRS ;
- Mobiliser, négocier : formes et conditions de l’action des représentants des salariés par Baptiste Giraud, maître de conférence à l’université d’Aix-Marseille.

Le champ politique en transformation
- Pour une réappropriation collective de la démocratie locale par Michel Koebel, maître de conférences à l’université de Strasbourg ;
- La montée de l’extrême-droite : analyse d’une crise de représentation politique par Samuel Bouron
, doctorant au Centre universitaire de recherches sur l’action publique et le politique (Curapp) université de Picardie, CNRS.


L’empire de la valeur… Pour une autre économie !
Conférence-débat de André Orléan, économiste, directeur de recherches au CNRS, directeur d’étude de l’EHESS.

Soirée au cinéma Le Dietrich
Tahrir, place de la Libération
Projection du film de Stefano Savona, suivie d’un débat en présence du réalisateur et de Samir Amin.





Vendredi 13 avril



Les débats fondateurs
- Jean Jaurès et les syndicalistes par Gilles Candar, président de la Société d’études jaurésiennes et professeur de lycée ;
- Les bourses du travail : un outil et un mouvement au service de la démocratie économique par David Hamelin, doctorant à l’université de Poitiers ;
- Ritualiser l’émotion antifasciste : la dynamique du Front populaire (1934-1935) par Vincent Chambarlhac
, maître de conférences à l’Université de Bourgogne.

Démocratie dans les services publics
- Les démocratisations en trompe-l’œil de la politique de santé au service de la déconstruction du service public par Frédéric Pierru chargé de recherche au CNRS, CERAPS-Lille 2 ;



Projection-débat Les cent jours, en présence de membres du collectif.


Lecture préenregistrée avec la voix de Natalie Castera d’extraits du Guide du démocrate – Les clés pour gérer une vie sans projet (éditions Lignes) d’Éric Arlix et Jean-Charles Massera suivie d’un débat en présence des auteurs. Présentation par Stéphane Bikialo.
Bienvenue dans une époque de l’indice, du sondage et des prévisions comme représentations ultimes, du caddy malin, du lavage de cerveau rigolo, de l’émotion sur commande, de la pulsion en promo partout, des projets personnalisés comme cadre, du coaching pour pas trop sombrer quand on commence à être largué et d’un marché de l’emploi soumis à des flux super-tendus et super-brutaux comme ambiance, le tout dans la terreur de faire partie de la vague de septembre.



Samedi 14 avril



dimanche 15 juillet 2012

video: Les Économistes Atterrés, Débat sur le pacte budgétaire européen (TSCG) et le Mécanisme Européen de Stabilité (MES)


Débat sur le pacte budgétaire européen (TSCG) et le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), animé par Benjamin Coriat, Thomas Coutrot, Dany Lang, et Henri Sterdyniak. Théâtre du Soleil, 12 mai 2012
 

mercredi 18 avril 2012

A voir: Cash investigation

A voir sur France 2 le vendredi 27 avril 2012 à 22h25, Cash Investigation, Les vendeurs de maladies, documentaire de Wandrille Lanos et Laurent Richard

Pour en savoir plus, vous pouvez lire cette interview d'Elise Lucet:

Elise Lucet interview magazine investigation France 2 Cash investigation enquêtes journaliste  Premières lignes production Paul Moreira Luc Hermann Laurent RichardElise Lucet hérite d’un tout nouveau bébé lancé par France 2avec un magazine d’enquêtes sur le monde des affaires et des grands groupes internationaux.

A cette occasion, la journaliste se livre dans une interview.

Quel ton souhaitez-vous donner à « Cash investigation » ?
Elise Lucet : L’ironie et l’humour. Un peu de second degré. Onze ans de Pièces à conviction, m’ont donné envie d’abandonner ce ton solennel et tranchant que nous prenions parfois, pour donner à ce nouveau magazine un style plus malicieux. Cela n’enlève rien au sérieux des enquêtes et ne nuit pas à la compréhension du sujet. On peut être sérieux sans se prendre au sérieux.

Avec qui travaillez-vous ?
J’aurais souhaité travailler avec des journalistes de France 2, mais plusieurs magazines et l’élection présidentielle mobilisent déjà pleinement les moyens humains de la rédaction. J’ai donc choisi de travailler avec Premières lignes, la société de production de Paul Moreira et Luc Hermann. J’ai monté ce projet avecLaurent Richard. Il a été formé sur Pièces à conviction, puis a dirigé le magazine Les Infiltrés. En tout, notre rédaction compte douze journalistes.

A quel moment du magazine intervenez-vous ?
Je travaille très étroitement avec toute l’équipe, et à deux ou trois reprises j’interviewe des personnes mises en cause. Je suis parfois le porteur de mauvaises nouvelles muni de documents qu’ils sont abasourdis de voir entre nos mains. Ça donne des conversations un peu musclées, d’autant qu’ils ne s’attendent pas à ça de la part d’Elise Lucet du 13h de France 2, quelqu’un qu’ils pensent connaître. A leurs dépens, ils se rendent compte que j’arrive avec six ou huit mois d’enquête derrière moi, des biscuits comme on dit.

Qu’est-ce qui vous a motivée dans ce projet ?
Continuer à faire du journalisme comme je l’entends. C’est-à-dire être aussi, à notre manière, des “lanceurs d’alerte”. Des empêcheurs de tourner en rond quand justement la manière de tourner s’avère incorrecte. Les téléspectateurs étant également, et avant tout, des citoyens, ils sont en attente de cette vérité. Ils sentent la puissance de ces grands groupes mais ne possèdent pas toujours les armes pour pouvoir lutter. Nous, journalistes, tentons de le faire !

Vous rejoignez les idées du mouvement des Indignés ?
Nous ne sommes pas du tout politisés. Plus que les Indignés, nous sommes les Informés. Ensuite, peut-être que le fait d’être Informé transforme-t-il en Indigné ?

Propos recueillis par Diane Ermel

"Les Vendeurs de maladies",  émission du 27 avril.
Explications d’Elise Lucet sur le premier numéro de Cash investigation.

Quel est le sujet du premier numéro de Cash investigation ?
Les vendeurs de maladies. Il s’agit de certains laboratoires qui inventent de toutes pièces et avec une force de frappe étonnante une pathologie pouvant correspondre à la nouvelle molécule qu’ils viennent de mettre au point. Je me suis fait piéger, comme bien d’autres journalistes, par la communication faite autour du “syndrome de la bedaine” ou plus scientifiquement le “syndrome métabolique”. Une maladie en réalité conçue par le laboratoire Sanofi Ce syndrome est en fait l’accumulation de plusieurs symptômes : de l’hypertension, un peu de diabète, du surpoids… qui peuvent être traités indépendamment. Après avoir alerté largement les médias sur la question, ils ont lancé le médicament. Une molécule qui n’avait pas eu l’AMM* pour le sevrage tabagique et que le laboratoire a recyclée en créant une maladie nouvelle.

Et ils ont obtenu l’AMM en la présentant pour cette pathologie ?
Oui. C’est d’autant plus grave que ce médicament, l’Acompliaa été prescrit et vendu alors que le laboratoire connaissait ses effets secondaires, nous le démontrons dans l’enquête. Il provoque notamment de graves dépressions chez les patients et au moins dix personnes en sont mortes, en France. Il a d’ailleurs été retiré du marché. Dans d’autres pays, il n’avait même pas obtenu d’agrément. En fouillant un peu plus loin, on a découvert l’implication dans cette affaire du spécialiste du syndrome métabolique, le docteur Boris Hansel, et ses liens avec Sanofi.

Un autre médicament est mis en cause…
Oui, celui contre l’ostéoporose des laboratoires Merck, qui annoncent une diminution des risques de fractures de 50 % chez les personnes ayant cette pathologie. Mais leurs études sont fallacieuses et la plupart des femmes suivant ce traitement n’en ont en fait pas besoin. Or il comporte, lui aussi, des risques d’effets secondaires délétères. Le problème étant que les autorités sanitaires ne se basent que sur les chiffres fournis par les laboratoires eux-mêmes et ne font pas d’études indépendantes. Finalement, ces grands groupes pharmaceutiques rendent les gens encore plus malades avec des effets secondaires pour lesquels on peut imaginer qu’ils ont déjà prévu de nouveaux médicaments. C’est ironique !

* AMM : Autorisation de mise sur le marché.



A voir : le documentaire inédit La mort est dans le pré.

Source: leblogtvnews.com
Voir le documentaire: La mort est dans le pré
Bande annonce:




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"Quand on découvrira toute la vérité sur les dangers des pesticides, ce sera un scandale pire que celui du sang contaminé. Je n’ai pas de raisons de me taire." L’agriculteur qui parle est atteint d’un cancer à 47 ans. C’est une victime des pesticides qu’il manipule tous les jours. Des centaines d’agriculteurs sont frappés. Victimes des produits phytosanitaires que l’on croyait "anodins". Ces élèves issus de l’école agricole intensive les utilisent depuis les années cinquante sur leurs exploitations jusqu’au jour où les maux de tête, la fatigue, les comas successifs les ont conduits à l’hôpital. Diagnostics : maladie de Parkinson, leucémie, cancers,… Ce qui ressemble à une épidémie apparaît au grand jour. 

Un documentaire inédit diffusé ce mardi 17 avril à 22h40 sur France 2 est une immersion auprès de ces agriculteurs atteints de maladies mortelles. Nous allons partager le destin de ces familles ébranlées, dans l’intimité de leur itinéraire médical, de leur combat pour être reconnu par la MSA, sur l’exploitation pour changer de pratiques, au tribunal aussi… Premières victimes de ce système agricole intensif, les agriculteurs en sont aussi les acteurs principaux. Remise en question de leurs pratiques, de leur héritage, du sens même donné à leur mission de "nourrir la planète", quand la maladie arrive, elle bouleverse un idéal solidement ancré. Malgré tout, la majorité d’entre eux continuent à utiliser ces produits qui les rongent à petit feu. Pourquoi ? D’autres organisent la résistance. Alerter les agriculteurs et les citoyens, entamer une procédure symbolique contre le géant des produits phytosanitaires, Monsanto : rien n’est perdu pour ces victimes qui entendent révolutionner leurs pratiques.

Un film écrit et réalisé par Eric Guéret. Ce dernier souligne les difficultés à faire un documentaire sur ce sujet. La difficulté est double, dit-il." Il y a d’une part un silence pesant, pour ne pas dire une pure et simple omerta, au sein même du milieu agricole. Par pudeur ou peut-être par fierté, on ne parle pas, dans ce monde-là, de ce qui ne va pas. On ne dit rien de ses difficultés, de ses fragilités, de ses faiblesses. Les agriculteurs sont les premiers à entretenir et maintenir le silence sur la question. Bien souvent, ils refusent de faire le lien entre les maladies dont ils sont victimes et les pesticides qu’ils utilisent depuis les années 1950. De fait, ils ne changent pas, ou très peu, leurs pratiques. Le système est tenu par les firmes, comme BASF ou Monsanto, qui mènent un intense lobbying pour que rien ne change et qui ont une grande influence auprès de la FNSEA, le syndicat majoritaire de l’agriculture.
La seconde difficulté tient au manque criant d’études scientifiques qui permettraient, en France, de davantage cerner ce fléau. Aux Etats-Unis, des enquêtes épidémiologiques précises ont pris la mesure des dangers. Elles ont prouvé par exemple que l’exposition aux pesticides tend à augmenter (entre 2 à 7 fois plus) le risque de développer certains cancers (de la peau et des lèvres, de la prostate…) ainsi que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson (2,5 fois plus de risque). En France, seule une cinquantaine de cas a été officiellement répertoriée dans la catégorie “victimes des pesticides” et la Mutuelle sociale agricole (MSA) refuse la plupart des demandes des agriculteurs pour faire reconnaître leur maladie".

Eric Guéret dit avoir vu un métier en grande souffrance. Les agriculteurs sont piégés par le système que, paradoxalement, ils font vivre. "La modernisation de l’agriculture dans l’immédiat après-guerre a été un mouvement de grande ampleur qui a eu ses bons côtés. Il s’agissait tout de même de réussir à nourrir la population française ! L’utilisation de la chimie et la mécanisation des métiers ont apporté non seulement un gain de productivité considérable mais ont aussi contribué à faciliter la vie quotidienne des agriculteurs. Seulement, aujourd’hui, avec cinquante ans de recul, le constat est catastrophique. En deux générations, les paysans se sont retrouvés non seulement victimes des pesticides mais aussi totalement dépendants de leur utilisation. A force de lobbying, de manque d’informations sur les risques encourus et de silence, il paraît impossible d’envisager aujourd’hui un autre modèle que le modèle chimique.
En un demi-siècle, les paysans ont perdu le sens de leur métier : ils ont oublié les méthodes traditionnelles et vivent dans le surendettement, de telle sorte que l’abandon – extrêmement coûteux – du système chimique leur paraît impossible. Imaginez la souffrance que représente, pour des femmes et hommes aussi attachés à leur métier et à leur terre, de se dire qu’ils transmettent un héritage empoissonné à leurs enfants. C’est une idée absolument insupportable ! Au fond, la question des victimes des pesticides n’est que la partie visible d’un problème beaucoup plus vaste. Le système agricole actuel ne peut survivre. Il est coûteux, polluant et mortifère".

Crédit photo © Program.33 / Capture d'écran

mardi 10 avril 2012

2012 : les sociologues s’invitent dans le débat



2012 : les sociologues s’invitent dans le débat
Textes rassemblés par Louis Pinto
éditions du Croquant
2012

Présentation de l'éditeur
L’expérience de la collection savoir/agir révèle la richesse et l’originalité des analyses proposées par des intellectuels critiques. Or ceux-ci, plus familiers avec la description et l’explication du réel qu’avec l’élaboration de programmes, ne sont pas à l’aise dans une conjoncture électorale. Mais, précisément pour cette raison, ils ne sont pas nécessairement mal placés pour faire ce qu’eux seuls sont en mesure de faire. À savoir d’une part, étblir un diagnostic synthétique de l’état des choses dans un domaine de leur compétence ; d’autre part, énumérer un certain nombre de points qui leur semblent décisifs pour ce que pourrait être une politique de gauche.
L’exercice de militantisme intellectuel proposé ici a quelque chose de paradoxal. Alors que la gauche de gauche se voit d’ordinaire associée à des idées dites maximalistes, il s’agit de favoriser, sur des points précis, la formulation de principes d’action en deçà desquels une gauche digne de ce nom ne pourrait que se déjuger : non pas placer la barre très haut, la placer plutôt au minimum, un minimum qui pourrait aussi être l’essentiel, bref ce qui ne saurait être escamoté.
L’urgence semble aujourd’hui de montrer qu’autre chose est possible, réalisable, en refusant à la fois la capitulation social-démocrate devant la loi d’airain du capitalisme financier et le délire incantatoire du discours « anticapitaliste ». Le « réalisme utopique » dont parlait Bourdieu ne se distingue ni par les fausses précisions du discours d’expert ni par des proclamations grandioses mais vagues : il consiste à chercher les points précis où peut se faire un basculement des rapports de force en faveur de la justice sociale, de la démocratie et de la maîtrise collective du futur. Être « radical » consiste à être simplement conséquent : c’est, après avoir pris connaissance des questions posées, chercher des réponses qui pourraient être à la hauteur de ces questions. En matière d’environnement ou de marché financier, la réalité se charge de montrer que des idées autrefois considérées comme radicales, et donc exclues de l’horizon du pensable, ne sont pas aussi extravagantes qu’on avait bien voulu le dire.
Table des matières
Aller à l’essentiel
Louis Pinto
Sortir du capitalisme financier, étape nécessaire, mais non suffisante d’une alternative globale
Frédéric Lebaron
La crise est là
Le capitalisme financier reste dominant
Ordre et désordre néolibéraux
Quelles réponses ?
Réduire fortement et structurellement les inégalités de revenus et de patrimoines
Anéantir la spéculation financière
Faire du système bancaire un instrument au service d’objectifs économiques, sociaux et environnementaux
Développer des mécanismes de solidarités
Remobiliser électoralement les milieux populaires
Céline Braconnier
Reconstruire l’électorat populaire
Ce qui peut faire voter malgré le désenchantement
Une démocratie sociale apportant plus de pouvoir aux salariés
Sophie Béroud et Karel Yon
Un remède à la crise ?
Des syndicats plus « légitimes » pour négocier dans l’entreprise
Démocratie sociale ou fétichisme de la négociation ?
Vers de véritables points d’appui pour conférer du pouvoir aux salariés
Pour une réappropriation collective de la démocratie locale
Michel Koebel
Comment contrecarrer ces tendances ?
La désocialisation de la santé
Frédéric Pierru
Le dilemme électoral du candidat Sarkozy
La privatisation progressive du financement des soins courants
La révolution conservatrice de la médecine libérale
Les cliniques au secours de la Sécu…
Une santé de moins en moins publique
Le remède : reconstruire les quatre services publics constitutifs du système de santé égalitaire et solidaire
« Délinquance zéro »
Gérard Mauger
« Angélisme » – « Réalisme » ?
Sociogenèse des pratiques délinquantes ordinaires
Le répertoire des « politiques de sécurité »
Pour une « politique de gauche » face à la délinquance
Une autre justice
Laurent Willemez
La justice : fonction symbolique, fonction répressive
L’offensive contre le pouvoir judiciaire et les magistrats
L’affaiblissement de la fonction judiciaire par la RGPP
Une « autre justice » ?
Remettre les droits des étrangers au centre des politiques d’immigration
Emmanuel Blanchard et Alexis Spire
Défendre le droit à quitter son pays
Pour une régulation démocratique des mouvements migratoires
Construire une politique de l’hospitalité
Développer la sécurité et la stabilité juridique des règles d’entrée et de séjour
Un chômage contre les chômeurs ?
Emmanuel Pierru
Le poids du stigmate
La peau de chagrin des droits des chômeurs
Une assurance chômage qui assure de moins en moins
La paupérisation des chômeurs
Accompagnement ou contrôle renforcé des chômeurs ? La création de Pôle Emploi
Les laissés pour compte de la formation professionnelle continue
En guise de conclusion : réconcilier les chômeurs avec les syndicats et la gauche ?
L’école pour tous, enfin !
Bertrand Geay
Le bilan contrasté de « l’école unique »
L’incohérence du curriculum
La dialectique des ségrégations et de la concurrence
Une entreprise de déprofessionnalisation
Cinq propositions
Université : contre la bureaucratie de marché
Bertrand Geay, Samuel Bouron et Pierre Clément
Le marché à marche forcée
L’anomie bureaucratique
Quelques mesures d’urgence pour en sortir
Une recherche résolument publique et vraiment autonome
Louis Pinto
Gouvernance des personnels
Gouvernance de l’évaluation
Gouvernance de la recherche
Propositions
Transformer les médias
Henri Maler
Éléments de diagnostic
Quelques cibles
Constituer et constitutionnaliser un Conseil national des médias
Contrecarrer la concentration et la financiarisation des médias
Constituer un service public de l’information et de la culture
Garantir les droits des journalistes, des créateurs et des usagers
Affranchir les sondages politiques de l’emprise du marché
Rémy Caveng
Les sondages : un marché ; les sondeurs : des marchands
Une économie de la précarité
Que faire des sondages politiques ?

dimanche 4 mars 2012

Présidentielle : la campagne vue par Frédéric Lordon


     Présidentielle: la campagne vue par Frédéric Lordon

Télérama, Le 29 février 2012

Jusqu'au 1er tour tour de la présidentielle, Télérama.fr publie le journal de campagne de cent personnalités du monde culturel. Aujourd'hui, l'économiste Frédéric Lordon.








Franklin D. Roosevelt, 1936. photo : U.S. National Archives wikipedia creative commons
Gauche de gauche, gauche de droite

Par une déformation de lecture dont on ne sait plus ce qu’elle doit à une incompréhension feinte ou à la simple bêtise, les éditorialistes se sont plu à entendre une mention à la « gauche de la gauche » quand la tribune publiée il y a quatorze ans par Pierre Bourdieu en appelait, elle, à une « gauche de gauche » – formidable pouvoir des mots qui en deux signes à peine modifient du tout au tout le sens d’un propos. Il est vrai que les intérêts à ne pas comprendre étaient trop puissants pour que Bourdieu ait la moindre chance d’être entendu, qui n’avait aucune intention de disserter sur les mouvements (symptomatiquement) dits d’« extrême-gauche », et seulement celle d’appeler « la gauche » à être de gauche – si ça n’était pas trop demander.
Mais quelle « gauche » ? Bien sûr celle qui s’accroche au label comme à son dernier oripeau symbolique, héritière ayant depuis belle lurette dénoncé l’héritage, le parti socialiste au socialisme parti, mais maintenu dans ses titres de créance politique, comme un malade en phase terminale sous respirateur, par un univers médiatique confusément conscient d’avoir aussi à se sauver lui-même, et décidé à investir dans ce combat-là toute son autorité véridictionnelle – ceux des éditorialistes qui veulent continuer d’avoir l’air de gauche doivent donc réputer « de gauche » les politiques avec lesquels ils font peu ou prou cause commune.

C’est cette sorte de solidarité inavouée qui conduit Libération à titrer pleine page un énorme « De gauche » (1) au lendemain du discours de François Hollande au Bourget, implacable et désastreuse logique où passent à la fois l’ombre de la dénégation, le désir forcené de croire soi-même à ses propres énoncés et d’y trouver un semblant de réassurance, a contrario l’importune révélation d’un doute profond qui suit de devoir réaffirmer ce qui normalement devrait aller sans dire – et manifestement ne va pas de soi : quiconque éprouve-t-il le besoin d’informer que Sarkozy est « de droite » ? –, enfin l’espoir d’un résidu de pouvoir performatif par lequel les assertions éditoriales parviendraient encore à faire être ce qu’elles énoncent. Hélas, solidaires dans la certification mutuelle de leur identité « de gauche », éditorialistes et hiérarques « de la gauche » sont solidairement emportés lorsque, mentionnant « la gauche de la gauche », ils laissent maladroitement entendre ipso facto que « la gauche », leur « gauche », n’est finalement pas très de gauche.
Et le fait est qu’elle ne l’est pas beaucoup… supposé même qu’après deux décennies de conversions à tout, il y ait encore le moindre titre auquel elle le soit. Si pourtant l’on veut pouvoir soutenir d’une manière moins intuitive que « la gauche » manque jusqu’à la raison d’être tautologique qui devrait la faire être de gauche, encore faut-il se doter d’un critère de la gauche, mais d’un critère qui ne peut en aucun cas être celui des étiquettes ordinairement distribuées par les prescripteurs du débat public dont on sait qu’ils disent le parti socialiste « de gauche » comme on compte encore la puissance des voitures en « chevaux vapeur » : par habitude, inertie, paresse intellectuelle, et sans plus avoir le moindre sens des mots. Parfois l’appareil socialiste se souvient qu’il a encore la possibilité de payer en simples oblats verbaux – alors il dit « justice sociale » ou « inégalités » (il est contre). Mais que dit-il quand il est question de joindre le geste à la parole ? Si peu qui soit de nature à rapporter ces effets à leurs causes, et en fait rien à propos du cadre structurel qui les détermine vraiment. Car voilà ce qu’on pourrait dire à propos de la gauche, de la gauche de gauche : elle est un certain rapport au cadre.

Gauche/droite : une affaire de cadre

Mais quel cadre ? Celui que tous les « indifférenciateurs », ex-Fondation Saint Simon, actuelle République des idées, fondations Terra Nova ou Jean Jaurès, les unes jadis préposées au rapprochement de « la droite modérée et de la gauche intelligente » (ou l’inverse), les autres aujourd’hui précepteurs de la « gauche de gouvernement », ont promu depuis presque trois décennies pour en faire un impensé, en tout cas un inquestionnable du débat politique, le cadre à l’intérieur duquel sont autorisées à s’exprimer les seules différences légitimes, par là nécessairement secondes, et à l’extérieur duquel il n’y a plus que des questions inqualifiables, posées par des questionneurs disqualifiés, soit : le primat de la finance actionnariale, le libre-échange, l’orthodoxie de politique économique sous surveillance des marchés financiers, c’est-à-dire synthétiquement… la construction européenne de Maastricht-Lisbonne !
Or pour qui cherche vraiment le fin mot des inégalités et des formidables régressions imposées au salariat, c’est bien dans ce triangle qu’il faut chercher :
1) la contrainte actionnariale telle qu’elle impose des objectifs de rentabilité financière dont les masses salariales sont la variable d’ajustement (contrainte actionnariale qui n’est certes pas directement promue par le traité européen… mais contre laquelle on ne lutterait qu’au prix d’une suspension de son article 63 interdisant toute entrave aux mouvements de capitaux (2) ;

2) le libre-échange dont les principes de concurrence non distordue imposent les pires concurrences distordues (avec des pays dont les standards sociaux et environnementaux sont pour l’heure sans rapport possible avec les nôtres) ;

3) un modèle de politique économique quasi constitutionnalisé par le traité européen qui organise délibérément sa propre tutelle par les marchés financiers (l’article 63 encore) et consacre la prééminence des créanciers internationaux au point d’en faire les nouveaux ayant-droit prioritaires des politiques publiques : leurs demandes d’austérité passeront avant toutes les autres, et notamment celles des corps sociaux.

Il n’est pas inexact de dire parfois qu’« il n’y a pas alternative », mais à la condition – hors laquelle le fait d’escroquerie intellectuelle est constitué – d’ajouter aussitôt qu’une proposition de ce genre n’a de validité qu’à l’intérieur d’un certain cadre, et sous la prémisse implicite de ne pas toucher à ce cadre. Or si dans le « certain cadre » il n’y a pas d’autre solution possible, il y a néanmoins toujours la solution de sortir du cadre. Et de le refaire. Les choses deviennent alors étrangement simples sous cette perspective : être de gauche, c’est être prêt à attaquer le cadre. Si la gauche de gauche est un certain rapport au cadre, alors voilà quel il est : de liberté et de souveraineté.

L’éternel retour du refoulé européen

Le cadre actuel est parfaitement visible et connu de tous. C’est le cadre européen de Maastricht-Lisbonne. La question – décisive – est alors la suivante : qu’a donc à dire à propos de ce cadre le candidat estampillé « de gauche » par le journal « de gauche » Libération ? Par une de ces infortunes qui ruinent les plus belles promesses, François Hollande doit faire campagne alors que les parlements délibèrent du MES (Mécanisme européen de stabilité) et du TSCG (Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance), soit deux dispositions qui, bien malencontreusement, viennent rappeler la chose que toutes les campagnes présidentielles passées, par là réduites à l’insignifiance, s’étaient efforcées de faire oublier : il y a ce cadre et nous sommes dedans… Et comble de malheur, ces deux traités, aussi peu respectueux des embarras que des calendriers de « la gauche » française, n’ont pas d’autre objectif que de le resserrer et de le durcir, mais à un point inimaginable.

Responsable du pôle « Europe » dans l’équipe du candidat « socialiste », Christophe Carèsche dit à voix haute et intelligible sa terreur de voir « ressusciter le débat sur l’Europe de 2005 » (3). Ca n’est pas la chose elle-même – le cadre – qui lui fait peur, c’est qu’on doive en parler. C’est que les stratégies de l’évitement et de l’escamotage n’ont qu’un temps… et, fatalité sans doute analogue à celle du refoulé, les débats dérobés sont simplement condamnés à l’éternel retour. C’est en tout cas à ce genre de refus, refus de tout ce qui pourrait conduire à devoir prendre position sur le cadre, que s’exprime le mieux le désir profond de n’en rien toucher, et l’on en vient à se demander quels degrés de destruction sociale les austérités européennes devront atteindre, quelles quantités de chômeurs, de pauvres dans les rues, quelles régressions sociales et sanitaires il faudra connaître pour qu’un jour le parti socialiste se décide à considérer qu’il y a un problème avec cette Europe.

À l’évidence, ces seuils sont encore très loin et, pour l’heure, les hommes du candidat n’ont trouvé à dire que leur inquiétude… de l’inquiétude des investisseurs : « Il (François Hollande) est plutôt hostile à un défaut qui risque d’augmenter la défiance des investisseurs » (Jérôme Cahuzac) ; « On peut dire que baisser le Smic n’est pas la solution pour résoudre la question de la dette, mais aller au-delà c’est prendre le risque que la Grèce ne trouve les relais de financement » (Karine Berger, économiste de l’équipe de campagne) (4). L’idée qu’il pourrait être temps d’envisager de soustraire le financement des déficits à l’emprise exclusive des marchés de capitaux ? Elle ne leur traverse pas l’esprit un instant. Il est vrai que c’est là le genre de proposition qui a pour effet de « ressusciter les débats » qu’on voudrait morts – dit plus précisément : de s’en prendre au principe cardinal du modèle européen de politique économique, alias commencer à sérieusement craquer le cadre.

Mais il y a beau temps que, dans une démonstration d’expiation sans fin du péché de 1981, l’équipe socialiste s’est installée dans la position du magistère orthodoxe, faisant assaut d’hypercorrection, donnant la leçon à la droite incapable de garder le triple A, se faisant forte, elle, de le reconquérir, sans qu’un seul instant lui vienne à l’idée que ce critère, qui enferme à soi seul l’empire de la finance sur les politiques souveraines, est la métonymie de ce qu’il faut détruire et non de ce qu’il faut servir.

Entre flou artistique et aviron dans la semoule, le candidat fait savoir qu’il renégociera les traités, au moins le TSCG. Un autre journal de « la gauche », Le Monde (?), conclut à ce propos que « M. Hollande ne doute pas de sa capacité, une fois élu, à infléchir le cours des choses ». Le problème c’est que nous si. Et avec quelques bonnes raisons. Il s’est trouvé fort peu de personnes, en tout cas dans cette presse, pour rappeler qu’en 1997, M. Jospin pendant la campagne des législatives avait juré ses grands dieux qu’il ne ratifierait pas le traité d’Amsterdam sauf trois conditions impératives – un gouvernement économique pour compenser le poids de la BCE indépendante, un rééquilibrage de la future parité de l’euro, une renégociation du « pacte de stabilité » –, trois conditions évanouies en à peine deux semaines de gouvernement...
C’est que la liste est si longue des renoncements, des conversions et des trahisons de « la gauche » qui n’est pas de gauche, la gauche de droite, en tout cas d’après ce criterium simple : être de droite, c’est vouloir ne pas changer le cadre ; être de gauche, c’est vouloir le transformer – et même 75% de taux supérieur d’imposition ne qualifient pas à être de gauche, qui ne font que réparer à la marge les dégâts d’inégalité à l’intérieur du cadre, inaltéré.

« Gauche et droite, ça ne veut plus rien dire » pontifient les experts de plateau – ânerie monumentale, adéquate au dévoiement général des mots, mais vérité pénible si l’on s’en tient à la chose qu’ils ont décidé d’étiqueter « la gauche ». Même Nicolas Sarkozy finit par s’y tromper qui dans sa déclaration de candidature dit « la droite comme la gauche » avant de se reprendre « la droite contre la gauche ». Il est vrai que lorsqu’on a chaleureusement accueilli Bernard Kouchner, Jean-Pierre Jouyet, commandé rapport à Jacques Attali et loupé de peu Manuel Valls, il y a de quoi s’y perdre soi-même – on notera en passant avec quel talent les trois renégats s’en sont retournés au bercail « socialiste » où ils ont d’ailleurs aussitôt retrouvé le gîte et le couvert.

Tiens, en passant, c’est le même Jean-Pierre Jouyet qui avertit sans ciller début janvier que « la campagne va être sous surveillance de la finance » Et ? Et… rien. Pas de problème particulier. La finance des marchés obligataires a déjà bien en main le pouvoir de conformer les politiques économiques selon ses intérêts exclusifs, Jean-Pierre Jouyet trouve donc simplement logique que la campagne doive se montrer respectueuse, c’est vraiment la moindre des évidences, du cadre où elle nous tient. Contester le cadre ? Mais quelle idée !


Il fallait donc une crédulité enfantine ou bien le goût du frisson pour vibrer avec François Hollande désignant la finance, son ennemie sans visage. Mais comme jadis Lionel Jospin – quoique cette fois-ci avant même l’élection ! – la paix a été faite avec « l’ennemie » à peine la guerre déclarée ; et le passage-éclair de François Hollande à Londres pour rassurer la City quant à l’innocuité de ses intentions réelles, rendre hommage à Tony Blair et écarter lui-même l’hypothèse – extravagante – qu’il pourrait être un « idéologue de gauche » (5), restera sans doute dans l’histoire de « la gauche » comme l’un de ces moments de reniement et d’apostasie dont se nourrissent la Grande Indifférenciation, l’idée que « gauche » et « droite » ne veulent plus rien dire, fausse en général mais vraie dans le cas présent, et, à la fin des fins, un FN à 20%, lui bien décidé à profiter de la confusion des semblables pour recréer des différences.


Espoirs et désespoirs d’une critique de gauche en période électorale

Il faut sans doute reconnaître que ça n’était pas une idée bien fameuse de s’engager à écrire cette tribune à ce moment de la campagne où typiquement il devient impossible de dire quoi que ce soit qui puisse dominer l’intensité des (légitimes) angoisses d’une réélection de Sarkozy, et où toute critique du candidat « de gauche » est immanquablement reçue comme « faisant le jeu » de l’adversaire de droite. De la même manière qu’il serait opportun de purger le débat économique du mot « réforme », il faudra pourtant bien un jour débarrasser le débat politique de « faire le jeu », cette objection-écran bien faite pour ne jamais poser les problèmes – envisager la démondialisation, par exemple, c’est « faire le jeu du FN »…

Car après tout il y a deux manières de faire face à la situation présidentielle : la première qui, d’angoisse incoercible, ne s’accorde plus la moindre liberté électorale et s’enferme avec acharnement dans le discours du « vote utile », négation du principe même d’un scrutin à deux tours !, mais désormais portée à un tel point d’affolement qu’elle en vient à contaminer jusqu’aux primaires : soit quatre tours de scrutin, mais surtout voter utile dès le tout premier ! Rousseau avait déjà souligné, à l’endroit du peuple anglais, l’illusion qui consiste à se croire politiquement libre quand on n’a la parole qu’à l’occasion du vote, avec prière de retourner au silence de la passivité pour les cinq ans qui suivent. Mais qu’aurait-il pensé de cet argument du « vote utile » qui demande en plus d’aliéner cette « liberté » dès les tours de scrutin où elle pourrait être exprimée ?

On dira que la manière inverse ne mène pas bien loin et qu’elle n’a pour elle qu’un mouvement d’humeur : celui qui n’en peut plus de la prise d’otages par laquelle le parti socialiste ne s’efforce même plus d’ajouter le moindre argument substantiel à la simple phobie anti-droite – habitude maintenant contractée de longue date, mais qui se souvient du slogan exhaustif de sa campagne pour les législatives de 1986 « Au secours, la droite revient ! » ? Mouvement d’humeur cependant qui a au moins la vertu de rappeler en quoi consiste vraiment la différence droite-gauche, et aussi de faire faire son chemin à l’idée que pour se débarrasser de la prise d’otages il faut se débarrasser des structures qui arment la prise d’otages – en l’occurrence le scrutin présidentiel même, qu’il est temps d’envoyer aux poubelles de l’histoire.

Et puis l’on entendra inévitablement, d’exaspération et de panique mêlés, les rappels au front uni, à la hauteur des enjeux et à l’irresponsabilité de dénoncer la « gauche de droite », qui plus est « à ce moment là », plutôt que de réserver ses traits à la droite tout court (qui n’est pas de gauche). Mais que la droite soit, elle, conforme à son concept, il n’y pas grand-chose à y objecter, juste à la combattre – mais en étant de gauche. C’est que « la gauche » devienne de droite l’anomalie qui crève les yeux et – paradoxe oculaire – finit par se voir. Il faut donc prendre au pied de la lettre les inquiets qui ne jurent que par le salut de « la gauche » : ils veulent réserver la critique à la droite ? C’est parfait : c’est toute la droite-du-cadre, et elle seulement, qui y aura droit.

Hollande, Obama… Roosevelt

Alors oui, il est probablement sans espoir de rappeler aujourd’hui que la droite modérée, c’est-à-dire le parti socialiste, rend toujours aussi actuel l’appel à « une gauche de gauche », cette pathétique supplication pour que la gauche soit de gauche. Mais qu’est-il permis d’attendre du débat politique un 2 mars, à deux mois du scrutin ? À peu près autant que d’un avertissement aux prévisibles désillusions d’une présidence Obama qui aurait été formulé en octobre 2008... Obama dont précisément François Hollande déclare qu’il « pourrait avoir les mêmes conseillers que lui ».

Heureuse référence, mêlée d’un touchant accès de candeur, par laquelle Hollande nous laisse entrevoir en quelques mots ce qu’il est raisonnable d’espérer de son éventuelle présidence, à savoir rien – comprendre rien de significatif si l’on entend par là de s’en prendre vraiment, c’est-à-dire autrement qu’en mots, aux causes structurelles qui déterminent les plaies contre lesquelles on prétend vouloir lutter : chômage, inégalités, précarité, souffrance salariale, régression de l’Etat social, etc.

C’est que le bilan d’Obama ne plaide pas exactement pour qu’on s’en fasse un blason : qu’en reste-t-il si l’on met de côté la réforme de la sécurité sociale propre au contexte étasunien ? On attendait d’un président démocrate arrivant au pouvoir avec une opportunité historique en or, deux mois après la faillite de Lehman, qu’il brise les reins de la finance – mais la loi de régulation financière (Dodd Frank Act) est un ventre mou offert à tous les contournements et à toutes les éviscérations par le lobby de l’industrie financière, sinistre préfiguration de l’ersatz hollandais qui désigne peut-être un ennemi sans visage mais se prépare à l’affronter sans mains.

La finance déréglementée peut donc avoir mené le monde au bord du chaos et il ne se trouve nulle part aucune volonté politique pour l’arraisonner vraiment (6). C’est que l’on ne crée pas d’espace de régulation financière sérieuse sans revenir sur le dogme de la parfaite liberté de mouvement des capitaux, c’est-à-dire sans ajouter des restrictions et des protections capables de rendre viable la dénivellation réglementaire avec un extérieur faisant le choix de demeurer dérégulé (ou faiblement régulé)… donc sans devoir passer sur le corps de l’article 63 du traité de Lisbonne – encore...

Mais quelle est exactement cette « gauche » dont il ne se trouve aucun leader capable d’une parole à la hauteur de la situation au moment même où le capitalisme convulse ! La référence à Obama qui se voulait avantageuse est en fait tragique. Car ceux qui attendaient du président étasunien un nouveau Roosevelt, confronté à une crise historique en effet semblable à celle des années 30, en ont été rapidement pour leurs frais. Le séisme n’a donc pas encore été suffisamment important pour que cette « gauche » passée à la Javel soit de nouveau capable d’apercevoir que le capital libéré de tout détruit la société, qu’il y a des classes, que ces classes sont en lutte, qu’il lui appartient, normalement, dans cette lutte, de prendre parti.

Mais Obama, effrayé par ses premières audaces (?), n’a rien eu de plus pressé que de cajoler à nouveau Corporate America, de l’assurer de sa fidélité, et finalement d’épouser ostensiblement sa cause ; n’a-t-il pas d’ailleurs nommé Jeffrey Immelt, président de General Electric et sorte de parangon du grand capital, à la tête de son Groupe de conseillers économiques (Economic Advisory Panel) ? – la voix de son maître…

En 1936, au Madison Square Garden, en campagne pour sa ré-élection, Roosevelt, confronté aux forces réactionnaires du capital, arc-boutées dans la préservation de toutes leurs licences, Roosevelt, donc, fait de la politique à la hauteur de l’histoire : « Nous avons à lutter contre les vieux ennemis de la paix – le business et les monopoles financiers, la spéculation, les banques déchaînées (…) Ceux-là ont commencé à faire du gouvernement des Etats-Unis une simple dépendance de leurs affaires (…) Jamais dans notre histoire ces forces n’ont été liguées comme aujourd’hui contre un candidat. Elles sont unanimes dans la haine qu’elles me portent – et j’accueille cette haine avec plaisir. » On se prend à rêver d’un candidat socialiste qui n’aurait pas oublié le sens du mot socialiste, et qui se ferait un honneur de défier les forces de l’argent, d’entrer en guerre ouverte contre elles, et de s’en faire détester. On se réveille, et l’on sait dans l’instant que l’époque contemporaine attendra encore un moment son Roosevelt.


<p>photo : Sylvhem<br />
wikipedia CC</p>
photo : Sylvhem
wikipedia CC
Frédéric Lordon est directeur de recherche au CNRS. Il a récemment publié D'un retournement l'autre, comédie sérieuse sur la crise financière, en quatre actes et en alexandrins (Seuil, 2011) ; Capitalisme, désir et servitude. Marx et Spinoza (La Fabrique 2010). Il tient également le blog du Monde Diplomatique La pompe à phynance .





(1) Libération, 23 janvier 2012.
(2) Voir à ce sujet “Enfin une mesure contre la démesure de la finance : le SLAM !”, Le Monde diplomatique, février 2007.
(3) Lénaïg Bredoux, “Hollande et la Grèce : un exercice d’équilibriste”, Médiapart, 21 février 2012.
(4) Id.
(6) Pour des éléments un peu plus substantiels en ce sens voir par exemple, “Quatre principes et neuf propositions pour en finir avec les crises financières”, La pompe à phynance,  avril 2008 et “Si le G20 voulait…”, La pompe à phynance, septembre 2009.